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Stratégies d’adaptation au changement climatique dans la lagune de Venise


La lagune de Venise est la plus grande lagune côtière de la région méditerranéenne. Trois entrées permettent l’échange d’eau avec la mer. Environ 87 % de la surface de la lagune est ouverte à la marée haute, qui se produit principalement en hiver et influence particulièrement les activités humaines en provoquant des interruptions temporaires des activités économiques et sociales et en affectant la mobilité des citoyens et les monuments, bâtiments et infrastructures (p. ex., systèmes de captage, fondations, patrimoine historique et artistique). De nombreuses stratégies sont mises en œuvre pour protéger la ville de Venise et sa lagune contre les inondations, ou « hautes eaux », et plusieurs facteurs influent sur les hautes eaux, comme la direction et l’intensité des vents; toutefois, la fréquence et l’intensité de l’événement ont augmenté en raison du changement climatique. C’est grâce à la mise en œuvre de mesures d’adaptation des systèmes existants que des défis tels que les impacts des phénomènes naturels sur la vie humaine peuvent être rencontrés.


Les stratégies d’adaptation peuvent être institutionnelles, technologiques et infrastructurelles, écosystémiques, comportementales et culturelles. Les principales stratégies d’adaptation concourant à la sauvegarde du système de la lagune de Venise sont les stratégies institutionnelles, technologiques et infrastructurelles. L’adaptation institutionnelle a été mise en œuvre par la mise en place de la loi dite « Loi spéciale pour Venise », loi italienne n. 171/73, qui remonte aux années 1970 et peut être considérée comme la plus grande intervention du système au cours des dernières décennies. L’objectif principal de la loi spéciale est de traiter, par des mesures structurelles et non structurelles, des stratégies et des fonds pour protéger les centres urbains contre les hautes eaux, protéger l’environnement, réduire la pollution et promouvoir le développement socio-économique de Venise. En outre, la loi spéciale définit les institutions impliquées dans la gestion de la lagune. En particulier, d’un côté, la Région Vénétie et les autorités locales, et au niveau national, le Comité interministériel (« Comitatone ») avec le soutien d’un comité technique permanent d’experts nationaux et internationaux appelé «Ufficio di Piano » qui est chargé de conseiller et de surveiller le processus de sauvegarde du système de lagune. Pour accroître l’efficacité de certaines interventions, les administrations mettent en œuvre des actions conjointes au moyen d’accords juridiques interinstitutionnels spécifiques.

L’adaptation technologique et infrastructurelle, visant à accroître la résistance à l’afflux d’eau, réduisant ainsi les niveaux de marée, comprend des interventions telles que les mesures complémentaires aux entrées de la lagune (amélioration, relèvement et protection des digues et des barrages pour réduire la hauteur des vagues en réduisant les vents et en permettant la navigation), la défense locale (c.-à-d. lever les portes et les zones pavées publiques), la mise à jour et la mise en œuvre des plans et des règlements pour la restauration et la récupération de la zone historique ou les systèmes d’information de prévision (systèmes d’alerte précoce et production et partage d’information, application High Tide), Toutefois, la stratégie d’adaptation des infrastructures la plus tangible est le module électromécanique expérimental (MOSE).


La MOSE est un système de barrières mobiles contre les ondes de tempête construites aux trois embouchures de la lagune. Le système vise à protéger la ville de Venise et les autres établissements lagunaires des hautes eaux extrêmes et exceptionnelles en séparant temporairement la lagune de la mer pour la durée de l’événement de haute mer. La mauvaise adaptation, qui, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), est la série de mesures qui peuvent mener à un risque accru de climats défavorables. . .résultats connexes, est à la fois institutionnel parce que le système de Venise et ses stratégies d’adaptation présentent une large division des responsabilités et des pouvoirs qui rendent impossible d’avoir des institutions flexibles. Trois sont les acteurs impliqués : les institutions, caractérisées par un grand nombre de participants ; les participants publics, qui ont des actions limitées parce que le processus de consultation publique est dominé par des groupes et des réseaux environnementaux et il y a manque de participation du public ; et de la communauté scientifique, principalement dans des domaines scientifiques comme l’eau, la gestion des écosystèmes et les études techniques connexes. De plus, la lagune de Venise a souvent été définie comme un « système naturel conservé artificiellement » et, à la suite de certaines modifications humaines, la lagune a été incapable de réagir de façon autonome au changement climatique.


Il y a des limites à prendre en compte dans la mise en œuvre des stratégies d’adaptation. Premièrement, la fragmentation de la responsabilité d’intervenir dans le système de lagune de Venise qui crée un chevauchement des autorités et conduit à un manque de coordination dans la gestion de la lagune. Les fonds, alloués par la région dans le cadre de la Loi spéciale, sont distribués aux autorités locales, mais le besoin de trouver des parties prenantes et de développer un outil technologique pour soutenir l’adaptation au climat reste limité. Une autre limite est la présence de réseaux et de coalitions qui se sont développés et consolidés, avec les décideurs, la communauté locale et la communauté scientifique. Cela crée une situation de stagnation des améliorations. Techniquement, une dernière limite est la nécessité d’expérimenter l’utilisation des barrières MOSE car les fermetures fréquentes peuvent altérer l’hydrodynamique de la lagune et le réseau de canaux de marée et créer des effets négatifs sur le système écologique de la lagune où la déconnexion a causé dommages économiques potentiels. Le GIEC définit l’efficacité comme « la mesure dans laquelle une option d’adaptation est prévue ou observée pour réduire les risques liés au climat ». Il souligne aussi que les solutions multisectorielles intégrées qui s’attaquent aux inégalités sociales, différencient les réponses en fonction du risque climatique et recoupent les systèmes augmentent la faisabilité et l’efficacité de l’adaptation dans de multiples secteurs. Néanmoins, cette situation est difficile à trouver dans la réalité des multiples administrations de Venise dans lesquelles un manque de confiance, de coopération et de partage des responsabilités rend cela très difficile. Cependant, il faut dire que de nombreux investissements de recherche humaine, financière et technologique ont été faits dans la lagune de Venise. Il suffit de considérer l’énorme projet MOSE pour constater que les investissements ont été massifs. Néanmoins, comme affirmé avant, il manque un cadre institutionnel qui fixe des objectifs d’adaptation clairs, qui définit les responsabilités et les engagements et qui coordonne les parties.




Sources :

  • Apreda, Carmela (2016), “Climate change, urban vulnerability and adaptation strategies to pluvial flooding”, Journal of Urban Planning, Landscape & environmental Design, vol. 1, pp. 233-256;

  • IPCC (2022). Summary for Policymakers [H.-O. Pörtner, D.C. Roberts, E.S. Poloczanska, K. Mintenbeck, M. Tignor, A. Alegría, M. Craig, S. Langsdorf, S. Löschke, V. Möller, A. Okem (eds.)]. In: Climate Change 2022: Impacts, Adaptation, and Vulnerability;

  • Contribution of Working Group II to the Sixth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change [H.-O. Pörtner, D.C. Roberts, M. Tignor, E.S. Poloczanska, K. Mintenbeck, A. Alegría, M. Craig, S. Langsdorf, S. Löschke, V. Möller, A. Okem, B. Rama (eds.)]. Cambridge University Press, Cambridge, UK and New York, NY, USA, pp. 3-33, doi:10.1017/9781009325844.001;

  • Munaretto, Stefania (2010). Governing water and environment in times of climate change, the case of the Venice lagoon. Venezia: Università Ca’ Foscari;

  • Munaretto, Stefania & Huitema, Dave (2011). Adaptive co-management in the Venice lagoon? An analysis of current water and environmental management practices and prospects for change. Colorado Conference on Earth System Governance. Fort Collins: Colorado State University;

  • Rose, Emma (2020). “A Sinking World: A Model Framework for Climate Change Adaptation Measures in Coastal Cities”, Vanderbilt Journal of Transnational Law, vol. 53, n. 1, pp. 367-404;

  • Image: GettyImages



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